Notre (chaotique) premier shooting dans le Sahara
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Acte I — Le pèlerinage des sapeurs
Nous avons quitté Paris à 4 heures du matin, parce qu’un vol à l’aube a toujours l’air plus intentionnel.
Nous avons dérivé un moment parmi les sociopathes de la classe affaires et les pèlerins de Marbella, le teint rouge et les rêves de jus de papaye à la main.
À la porte d’embarquement, on nous a demandé pourquoi nous allions dans le Sahara. Nous avons répondu que c’était pour l’art.
Acte II — Yves, notre chameau
Notre guide, Mustafa, nous a présenté Yves, notre chameau. Ma mère m’a toujours dit d’acheter ce dont je tombe amoureux — alors nous l’avons fait. Étonnamment abordable.
Au Maroc, il existe une ville où l’on « pimp » les chameaux : crêtes, fourrure sculptée, pur décadence. Naturellement, Yves a eu droit au traitement complet.
Baptisé en hommage à Saint Laurent — j’aimais bien le clin d’œil à Oran — je sentais que ce Yves était un génie fragile, espérons-le moins dépendant aux amphétamines.
Yves dégageait une énergie de supermodel et refusait de marcher sauf lors de la golden hour. Pratique.
Acte III — Choses insensées à faire dans le désert
Numéro 1 : skier, évidemment: Illogique, oui — mais la physique du désert obéit à ses propres lois. Notre mannequin, drapée de mousseline et d’illusion, a glissé sur la dune avec un sac et la grâce d’une déesse. C’est ça, notre vision de l’élégance.
Numéro 2 : l’heure du thé avec un cheikh: Au coucher du soleil, une Rolls blanche est apparue. En est sorti le cheikh Khalid ben Quelque-chose. Il nous a invités à prendre le thé (spoiler : ce n’en était pas vraiment). À minuit, il avait proposé d’ouvrir une boutique Dune Paris à Dubaï. Principe de vie : toujours dire oui à un cheikh.
Numéro 3 : une oasis (pas les Gallagher): Le troisième jour, nous avons cru trouver une oasis : palmiers, eau turquoise, illumination. Nous avons couru comme des mannequins Gucci en quête de sens. Ce n’était pas réel. Avons-nous tourné quand même ? Bien sûr. « C’est conceptuel. L’hydratation est bourgeoise. »
Conclusion
Il est difficile de revendre un chameau, mais à Guelmim, pas impossible.
Le prochain tournage aura sans doute lieu en Antarctique. Avec des manchots, pour le contraste.
Nous ouvrons bientôt à Dubaï.